Propriétaire du studio
SKIES & GHOSTS
Ce quelque chose qui est à mi-chemin entre la couleur de mon atmosphère typique et la pointe de ma réalité. (Antonin Artaud)
D’un calme quasi platonique, les nouvelles peintures de Timothée Talard sont en proie à la contradiction. Pure abstraction d'une part, représentant des champs de couleurs et des dégradés, elles évoquent les changements d’états des cieux.
En peinture, le dégradé est à la fois une démonstration de la gamme de valeur de la couleur pure mais aussi et un «tour» de cinq cents ans utilisé pour créer l'illusion de trois dimensions.
Si les travaux sont herméneutique, même tautologique - se référant au comportement de
peindre - ils sont aussi des évocations minutieuses des phénomènes de la lumière terrestre.
Produites en séries, les couleurs des tableaux se répondent
Dans chaque toile un arrangement de champs verticaux et horizontaux de peinture glisse chromatiquement. Chaque rendu a un autre ton, passe de la lumière à l'obscurité. Mais le mouvement n'est pas marqué séquentiellement dans l'installation des pièces. Leur libre
dispersion facilite l’autonomie de chaque tableau,
Ici, une tension bouillonne entre l'immobilité et mouvement de l'image - pas seulement le mouvement agité entre les conditions conceptuelles appariées dialectiquement abstraction / représentation, autonomie / dépendance - mais aussi le mouvement d'une image qui, longtemps regardée, semble se transformer devant les yeux du spectateur.
Des dessins grands format sur papier répondent aux toiles.
Explosions de peintures et de cadres vides, ces travaux sont le négatif des créations antérieures. De manière autotélique, ces dessins narrent le processus de création, découvrant le «hors cadre » du tableau.
Le cadre est ce qui entoure, qui ferme un espace, qui enferme et recentre le regard vers l’intérieur (d’un tableau par exemple). Ce qui était une anecdote de fabrication de l’œuvre à venir en devient Le sujet. Une intimité est proposée ici, par le fait même de montrer les dessous de la peinture, un instant de poïétique, ce que l’on ne voit pas dans une réalisation achevée, mais dans ce qui l’a construite. Une genèse de la peinture, comme un tout nécessaire et suffisant, un incipit.